Sinan Bökesoy / Thierry Coduys / Guillaume Jacquemin / Johan Lescure
En robotique, la singularité est un point de l’espace que le robot ne peut atteindre. Contraint par ses moteurs, la rigidité de ses axes et l’(im)puissance des équations à multiples inconnues, le robot n’a de cesse que d’atteindre et respecter les consignes données par son opérateur. Pour se rendre d’un point A à un point B, il met en œuvre toute sa souplesse, ses capteurs, ses algorithmes, ses équations et modèles mathématiques, bref son intelligence embarquée afin d’éviter la plus redoutable des situations : la singularité. Elle est une des positions spatiales dans laquelle le robot s’enlise, ne peut s’en extraire, ne sait plus comment se mouvoir pour en sortir. En posture de handicap total, le robot s’en remet à l’opérateur qui manuellement, le repositionne.
La pièce « Singularités » utilise comme matériau les déplacements d’un robot — chef d’orchestre — dans un espace intrinsèquement balisé de singularités. Une série de capteurs (angulaires, caméra, lasers…) surveillent les déplacements/évitements de singularités de ce cobaye mécanique et contrôlent la synthèse sonore en temps réel. Un dispositif de video mapping laisse entrevoir les aspérités de cet espace-temps d’apparence linéaire pour l’humain, mais semé d’irrégularités pour un robot contraint par la rigidité de ses déplacements.